Traduction de l’article d’Afrikagetuigenissen paru en néerlandais dans la revue 40, page 47.
Ce 18 août dernier, Mgr. Jan Van Cauwelaert, ancien missionnaire de Scheut, s’est paisiblement éteint à l’âge de 102 ans. A une exception près, il était le plus âgé des évêques catholiques au monde.
Né le 12 avril 1914, le défunt était, comme chacun sait, le fils du ministre d’état Frans Van Cauwelaert, ancien Président de la Chambre des Députés.
Surpris par le début de la deuxième guerre mondiale, Jan Van Cauwelaert réussit à s’enfuir au Portugal d’où il embarque pour Matadi.
Arrivé à Léopoldville, il est envoyé à Bokoro, une importante mission catholique, au bord de la rivière Lukenie par Monseigneur Six, vicaire apostolique.
Très humble, ce fils de bonne famille, s’attelle à sa tâche de missionnaire. Il devient prêtre itinérant et se déplace vers les villages environnants à bicyclette. Il y donne des cours de religion, administre les sacrements et participe également aux palabres.
Cela le mène à solliciter de son supérieur la permission de remplacer le sermon classique, lors de la messe dominicale, par un dialogue avec la communauté locale. Par un jeu de questions-réponses il espère mieux pénétrer leur manière de penser.
En 1945 il est envoyé au Séminaire intervicarial de Kabwe dans l’ouest du Kasaï. Il y forme les jeunes candidats-prêtres. Du fait de sa lucidité et de son ouverture d’esprit il émane de lui une forte personnalité.
En 1953 le vicariat apostolique de Léopoldville fut scindé : le vicariat apostolique de l’intérieur du pays reçut le nom d’Inongo et le jeune Jan Van Cauwelaert en devint le Responsable.
Un prélat centenaire
Lorsqu’ en 1959 il fut élevé au titre d’évêque, il formula cette vérité : « Je deviens le premier évêque de l’évêché d’Inongo mais j’espère être son dernier évêque blanc ! ». Et en effet, en 1967, à l’âge de 53 ans, il démissionne pour laisser la place à un successeur congolais.
Pour la gestion de son épiscopat de treize ans, le jeune évêque fait preuve d’audace : « Le temps de la domination a cessé et en fait n’a jamais existé de la part de l’Eglise »: c’était son message d’avertissement en 1954.
L’agitation pendant la période de l’Indépendance ne se passe pas sans heurts. En août 1960 Inongo fut investie par des soldats mutinés qui infligèrent aux Pères et aux Sœurs de nombreuses violences de toutes sortes. Monseigneur Van Cauwelaert lui-même fut frappé à coups de crosses et jeté en prison avec d’autres missionnaires.
En 1962 démarre également le deuxième Concile du Vatican et, connaissant notre évêque, on imagine bien l’enthousiasme avec lequel il participe à ces travaux.
Après avoir revêtu diverses hautes fonctions à Rome, il revient définitivement au pays en 1972, cette fois afin de continuer en mère patrie sa mission apostolique. Il s’y montre actif dans toute une série de domaines : le Conseil Inter Diocésain, le Comité des Instituts Missionnaires et surtout Pax Christi. Il est nommé président de Pax Christi Vlaanderen. Il participe activement à de grandes manifestations pour la paix, à la lutte contre la course aux armements, aux droits de l’homme, et beaucoup d’autres activités, aucun effort ne le faisait reculer. Il a œuvré aussi longtemps que ses forces le lui ont permis.
Nous nous inclinons respectueusement en mémoire de cette personnalité éminente.
Texte de Guido Bosteels