Visite du Musée Africain de Namur

6 octobre 2019.                   A.-B. ERGO

J’ai besoin de temps à autre, d’une bouffée d’Afrique, comme d’une thérapie sentimentale. Le dernier jour d’ouverture du Musée africain de Namur avant son agrandissement (+ 200m2) et sa rénovation était l’occasion idéale de retourner en Afrique, dans la capitale de ma région et dans la province où je suis né. C’était aussi l’occasion d’amener au Musée une trentaine de livres de ma collection, une centaine de photographies du Congo et une médaille souvenir de l’IRSAC.

Le petit musée africain de Namur est né à l’initiative d’anciens d’Afrique, avant la première guerre mondiale (1910) et bien que détruit deux fois, en 14-18 et en 40-45, il fut rebâti chaque fois par la volonté de ceux que j’aime à appeler les Belgolais. Il est constitué uniquement de dons et est animé par des bénévoles, anciens d’Afrique. C’est évidemment plus modeste que Tervuren, mais on peut y voir des choses qui ne sont pas évoquées au grand musée.  Bien qu’il n’y ait pas de scientifiques attachés au Musée de Namur, les anciens ont suffisamment de bon sens pour utiliser les noms corrects des insectes, des oiseaux ou des animaux et des échantillons de bois montrés au public. À côté d’objets très anciens on peut voir des objets d’origine plus récente et même parfois des pièces proposées aux touristes.

Le musée possède une impressionnante bibliothèque (25000 titres) et une série importante de revues, une photothèque et une cartothèque et… dans une réserve, des tas de choses qui ne demandent qu’à être montrées au public. Le bibliothécaire animait une vente de livres que le musée possède à de nombreux exemplaires. Dans une caisse, une très vieille flore de l’État Indépendant du Congo laissait entrevoir des planches de dessins de plantes d’une finesse et d’une beauté étonnantes, témoignage du travail et de la technique des botanistes fin 19es.

Ce dimanche, deux à trois cents personnes déambulaient dans les petites salles du musée, Congolais, Belges et Belgolais mélangés échangeant des souvenirs devant une photo ou un échantillon de velours du Kasai, pendant que l’administrateur expliquait à ceux qui avaient souhaité une visite guidée, la raison pour laquelle il y avait des têtes de buffles de tailles différentes pour un âge semblable; impact de la forêt et de la savane arborée! Une vieille Congolaise kasaienne me montrait, avec émotion, sur une carte l’endroit où elle était née, un peu en dessous de Lusambo et une autre, plus jeune m’expliquait qu’elle était née et avait toujours vécu à Kinshasa; que si la ville comptait 400.000 habitants à mon époque, elle en comptait aujourd’hui 10 millions et qu’on vendait toujours sur la place Braconnier (qui ne s’appelle plus comme cela) des peintures et des objets pour les touristes. Sur une autre carte, j’ai indiqué à ma fille la ville de Bumba, le lieu où j’ai épousé sa mère, venue me rejoindre,… ya kala, lieu qu’elle s’est empressée de photographier.

Musée où on est tellement proches les uns des autres qu’on se parle inévitablement; ….Vous étiez où? Dans la province de l’Équateur, près de l’Ubangi. Ah, chez Mobutu? Non, plus à droite, chez les Budjas! Un bond de 500 km en deux phrases échangées.

À l’abri du porche du Musée, des mamas s’affairaient à préparer des bananes plantains grillées et des beignets qu’on pouvait déguster sur une longue table au son des rumbas kinoises en buvant une limonade ou une bière. Cela fleurait bon le pays. Ah comme je souhaitais à cet instant la présence, là-bas, des cinq rigolos de l’ONU venus constater, en Belgique, aujourd’hui, le racisme passé des Belgolais.

Je n’y ai par ailleurs rencontré aucun des caciques de la diaspora africaine, ni aucun des officiels de la région. Et mon appareil photo à peine déçu, a flâné, heureux, dans les salles.

Photos

Si, d’aventure, vous êtes un ancien d’Afrique Noire, ou un natif de là-bas, ou un descendant d’anciens, peu importe le pays, et que vous possédez des objets de ces contrées, ou des livres, ou des photos anciennes avec libellé et que vous souhaitez que tout cela soit sauvegardé, faites-en don au petit musée africain de Namur et affiliez-vous au Cercle Royal Namurois des Anciens d’Afrique asbl, fondateur du musée; que vous soyez de Namur ou d’ailleurs.