REVUE 48 : LE PROFESSEUR VANDEPITTE N’EST PLUS

Traduction de l’article de Guido Bosteels paru en néerlandais dans la revue n° 48 de décembre 2018 page 51.

Nous avons malheureusement à déplorer la disparition du professeur docteur Jozef Vandepitte. Il avait atteint l’âge respectable de 96 ans et était un des derniers survivants parmi les pionniers qui avaient donné forme à l’enseignement universitaire au Congo Belge, notamment à l’université de Lovanium.

Jozef Vandepitte avait donc vu le jour en 1922 dans le village de polders Uitkerke. A peine âgé de six ans il eut à déplorer la perte de son père, qui, ancien combattant de la guerre 1914-1918, succomba aux suites d’une attaque au gaz sur le front de l’Yser. Son intérêt pour la microbiologie/bactériologie l’entraîna rapidement vers la médecine tropicale. Après l’obtention d’un diplôme complémentaire à l’Institut Tropical d’Anvers, il s’embarqua rapidement en 1946 pour un premier voyage vers la Colonie de l’époque.

Comme toujours une telle carrière débutait par un stage d’un mois, que le jeune médecin effectua à l’Institut tropical Princesse Astrid à Léopoldville. Non sans étonnement il y découvrit du matériel scientifique et des techniques, en provenance directe des Etats-Unis, alors totalement inconnues à l’Université de Louvain ! Après ce stage le Docteur Vandepitte se retrouva à son premier poste définitif : le laboratoire de Stanleyville. Là il eut affaire à la lutte contre la peste, un fléau qui apparaissait régulièrement dans le district d’Ituri.

Après un deuxième terme passé à Léopoldville, où il se consacra à combattre la drépanocytose, il entama un troisième terme qui l’amena dans la ville de Luluabourg récemment fondée, il y devint le directeur du nouveau laboratoire provincial.

Un cycle d’études complémentaires aux USA terminé, il revint pour la seconde fois à Stanleyville pour y effectuer son quatrième terme. Son attention fut portée sur une campagne de vaccination révolutionnaire anti polio, celle-ci se faisait au moyen d’un vaccin administré par voie orale, elle était lancée par le professeur américain Koprowski. Cette entreprise provoqua beaucoup de tumulte lorsqu’un journaliste britannique, Edward Hooper, pas trop embarrassé de scrupules scientifiques, fit apparaître au grand jour dans un livre volumineux, « The River », une thèse selon laquelle cette vaccination aurait été à l’origine de la propagation du SIDA. Après beaucoup de discussions et un congrès méticuleux à Londres, cette accusation perdit toute sa crédibilité, mais elle avait provoqué beaucoup de stress et d’énergie ! Une étape importante dans la carrière du docteur Vandepitte fut, en 1954, le démarrage de l’Université de Lovanium à Kimuenza (Léopoldville). Il y fut en effet un des premiers professeurs d’université, bien évidemment en bactériologie. On comprendra sa grande satisfaction quand quelques années plus tard les deux premiers Congolais furent promus docteurs en médecine. Mais le temps ne prend pas la pause, et quand le célèbre professeur Piet De Somer fut sollicité pour assurer le rectorat de L’Alma Mater de Louvain, sa chaire fut attribuée au professeur Vandepitte. Le professeur Vandepitte continua néanmoins à être impliqué étroitement dans les activités académiques du Congo, devenu entretemps indépendant. Il s’y produisit durant des années au premier plan en tant que professeur invité.  Un moment d’émotion intense, pour couronner d’une manière superbe son long engagement, fut la nomination d’un de ses anciens étudiants au titre de professeur à cette université.