Les soeurs de Pittem

Traduction de l’article de Guido Bosteels paru en néerlandais dans la  revue n° 58 du mois de juin 2021, page  57.

Ce n’est pas la première fois que le regret a été formulé qu’une histoire extensive de l’impressionnant passé missionnaire de notre pays n’a pas encore vu le jour. Entretemps nous ne pouvons pas oublier que d’excellentes archives ont été constituées – et sont encore toujours développées de jour en jour  – au sein du KADOC, le centre de documentation et de recherche en matière de religion et de culture, créé au sein de l’Université catholique de Louvain. Cet immense trésor ne pourra que faciliter la genèse de la future histoire tant attendue.

Notons cependant que la plupart des congrégations religieuses disposent déjà d’amples collections de documents et souvenirs d’un passé mémorable. En guise d’exemple, nous jetons un regard sur une modeste congrégation provinciale, mais particulièrement méritante, les « Sœurs de Pittem » qui ne mériterait pas de tomber dans l’oubli.

Le nom de cette modeste congrégation s’explique de lui-même : l’initiative de sa création, dans ce minuscule village de la Flandre occidentale, est née en 1837, à l’instigation du curé de l’époque, qui avait encouragé quelques dames à créer une « école des pauvres ». Onze ans plus tard, les premières sœurs réunies obtinrent de l’évêque de Bruges l’agréation des règles applicables à leur communauté. Quinze « filles religieuses » entamèrent leur noviciat et finirent par faire leurs « promesses ».  En 1904, ce groupe comptait déjà 71 adhérentes et en 1920 le nombre de 138 était atteint. Plus étonnant encore est le constat qu’en 1948 cette communauté ne comptait pas moins de 479 sœurs !

En 1924, la mère supérieure de l’époque s’était rendue à Bruges, où l’évêque de l’époque, Mgr. Waffelaert, lui accorda l’autorisation à lancer une activité missionnaire. Aussitôt, les quatre premières sœurs désignées à cet effet (toutes originaires de villages ruraux environnants) furent dirigées vers des études préparatoires : deux d’entre elles furent chargées de suivre des cours de médecine tropicale et d’obstétrique au Parc Duden à Forest, où le roi Léopold II avait ordonné la création d’un établissement précurseur de l’actuel Institut de médecine tropicale d’Anvers.  Ensuite, les quatre candidates passèrent encore par plusieurs semaines de travaux pratiques à la clinique du professeur Sebrechts à Bruges.

En novembre 1926, une cérémonie d’adieu fut célébrée à la chapelle du couvent et le 21 du même mois, les quatre courageuses pionnières prirent le train pour Ostende, d’où elles embarquèrent sur la malle pour Douvres. Via Londres, elles atteignirent Southampton, où les attendait un paquebot à destination du Cap. Ce périple fut suivi de huit jours de voyage en train jusqu’à Elisabethville. Accueillies par les sœurs de la Charité de Gand, elles firent un stage d’un mois dans l’hôpital local dont ces dernières assumaient la gestion. C’était finalement le 25  janvier 1927 qu’elles devaient arriver à leur destination finale, qui n’était autre que le lieu de Kamina. On peut s’imaginer la force de conviction en même temps que la somme d’émotions qui a dû être la part de ces jeunes femmes dont il faut supposer qu’elles n’avaient encore guère quitté l’environnement rural où s’était trouvé leur berceau.

Comme indiqué plus haut, les archives de l’Ordre des Sœurs de Marie de Pittem contiennent une masse de détails sur le passé glorieux de cette remarquable œuvre missionnaire, particulièrement méritante, née dans ce minuscule village ouest-flamand. Une synthèse peut en être consultée dans une brochure éditée par l’ordre religieux concerné à l’intention des personnes intéressées (Stationsstraat 1, 8740 Pittem).

(Source : Vlaamse Stam, tijdschrift voor familiegeschiedenis)